Les Amazighs de Djerba
Les Amazighs, aussi appelés les Berbères, sont les peuples autochtones d’Afrique du Nord. Ce sont des peuples forts et fiers. Le nom même d’Amazigh est souvent traduit par ‘homme libre ” ou “homme noble”. Certains de leurs représentants étaient présents à Jérusalem le jour de la Pentecôte. Une église s’est établie parmi les berbères dans les premiers siècles du christianisme, et certains des grands pères de l’église d’Afrique du Nord étaient d’origine berbère.
Lorsque l’Islam s’est répandu en Afrique du Nord au 7ème siècle, de nombreuses factions Amazighs ont tenté de lutter contre cette invasion. Au cours de l’histoire, ils ont résisté dix fois à la progression de l’Islam, en faisant croire qu’ils allaient devenir musulmans. Mais de retour dans leurs villages, ils refusaient de pratiquer cette religion. Intentionnellement, ils ont construit des mosquées blanches bien visibles au sommet des montagnes pour tromper les envahisseurs musulmans. Alors qu’ils passaient, les musulmans, voyant la mosquée, pensaient que le village s’était déjà converti et ils continuaient leur chemin.
Les premières générations ont conservé en secret leur héritage chrétien, en faisant semblant de respecter les lois islamiques. On peut encore retrouver le symbole de la croix dans l’architecture Amazigh, sur les dessins des tapis, et même sur les tatouages que les femmes portent sur leur visage. Toutefois, aujourd’hui, ils ne se souviennent plus de leur héritage chrétien.
Le premier président élu suite à l’indépendance avec la France, Habib Bourguiba (1957) a beaucoup œuvré pour unifier le pays. Traditionnellement, les villages amazighs étaient fortifiés et retirés dans des zones montagneuses. Bourguiba a incité les Amazighs à abandonner leur culture au profit de l’identité “tunisienne arabe”. Dans un premier temps, il a essayé de construire des villes dans les plaines, afin d’arracher les amazighs à leurs fortifications dans les montagnes et de les forcer à s’intégrer. Lorsque les Amazighs ont refusé de se soumettre, il a brûlé leurs livres, a fait cesser l’enseignement de leur langue à l’école et à tenté d’effacer en grande partie leur culture.
La révolution de 2011, qui a évincé du pouvoir le deuxième président du pays (Zine El- Abidine Ben Ali), a suscité un renouveau dans la culture et l’identité Amazighs. Cette nouvelle fierté et la liberté de pouvoir porter l’identité Amazigh a entraîné la création de nombreux clubs, de centres culturels et d’organisations voués à au maintien et au développement de la langue et de la culture amazigh.
On trouve les Amazighs de Djerba sur l’île de Djerba, dans le sud de la Tunisie. On compte 15000 Amazighs à Djerba, répartis dans 4 villes de l’île : Guallela (10000), Tlet (500), Ajim (500) et près de 4000 dans la région de Sedouikech, dont 3000 dans le village Amazigh de Oursighen.
La plupart des Amazigh de Djerba ont perdu ce qui fait leur identité Amazigh. L’intégration des arabes de Djerba a entraîné une modification de leur style vestimentaire. Maintenant, la plupart d’entre eux portent des vêtements modernes, ce qui rend difficile de les distinguer des autres groupes ethniques.
Les Amazighs de Guallela ainsi qu’une minorité des Amazighs de Sedouikech notamment au sein du village d’Oursighen sont restés attachés à leur identité Amazigh et en sont fiers. Les interactions entre les hommes et les femmes suivent plutôt la tradition bédouine, venue, avec l’Islam, des arabes de la péninsule arabique. Les hommes et les femmes ne se mélangent pas en société, et ils continuent à porter leurs vêtements traditionnels.
Il existe une relation très forte entre les Amazighs de Djerba et les Juifs de Djerba. Au cours de la période du pèlerinage juif à Djerba, les Amazighs assurent la sécurité des pèlerins. En retour, les juifs considèrent les Amazighs de Djerba comme un peuple digne de confiance, auquel ils prêtent de l’argent ou avec lequel ils font des affaires.
Les Amazighs de Guallela sont des potiers. Cette profession se transmet de génération en génération. Elle est considérée comme la profession des ancêtres et ne peut pas être abandonnée. Avec le temps, l’évolution des besoins matériels et la difficulté de la profession, les jeunes ont commencé à chercher du travail dans l’industrie ou le commerce. Les Amazighs de Sedouikech font du commerce. Ils exploitent des oliviers et produisent de l’huile d’olive. Les habitants du village de Oursighen sont considérés comme aisés. Certains sont allés vivre à l’étranger, souvent en Europe, et ils envoient de l’argent à leur famille.
Tous les groupes Amazigh de Djerba parlent le dialecte Amazigh (Chilha), mais seuls les habitants de Sedouikech savent l’écrire. La viabilité de la langue Chilha dans les villages de Tlat et de Ajim se réduit à chaque nouvelle génération. Dans ces groupes, seuls les plus vieux parlent Chilha. A cause de la difficulté de ce dialecte, ils ont arrêté de l’enseigner à leurs enfants. Ces groupes amazigh parlent aussi arabe et français. Une minorité apprend d’autres langues à l’école, notamment l’anglais. Les Amazigh de Djerba ont accès aux médias comme la radio et la télévision. Les jeunes utilisent Internet.
A Ajim, les Amazighs sont des musulmans Ibadi, qui suivent le courant islamique Ibadi. Ils se distinguent de la majorité des autres musulmans de Tunisie qui eux, suivent plutôt le courant malikite. Pour les musulmans ibadites, l’islam véritable doit se traduire en actes et pas seulement en paroles. Ils sont considérés comme un peuple paisible qui ne méprise généralement pas les autres musulmans. A l’inverse, les autres courants islamiques ont tendance à mépriser et à persécuter les ibadites. Les autres musulmans tunisiens, adeptes du courant malikite, considèrent les Amazigh ibadites comme des étrangers.
Les musulmans suivent les enseignements de Mahomet, qui a vécu en Arabie Saoudite entre le 6ème et le 7ème siècle. Ils croient en un dieu unique, qu’ils appellent Allah (ce qui signifie “Dieu” en arabe). Le jour du jugement, chaque personne sera jugée en fonction de ses actes. Si les bonnes actions sont plus nombreuses que les mauvaises, alors Allah les accueillera au paradis. Sinon, il seront punis dans l’enfer éternel. Afin d’obtenir le salut, ils doivent respecter les cinq piliers de l’Islam : prier cinq fois par jour, jeûner de l’aube au crépuscule pendant le mois du ramadan, donner aux pauvres, et, si possible, effectuer un pèlerinage à la Mecque au moins une fois dans leur vie (Hajj). Ils considèrent Jésus comme un prophète, mais dont les enseignements sont inférieurs à ceux de Mahomet.
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Les Amazighs de Djerba
Les Amazighs, aussi appelés les Berbères, sont les peuples autochtones d’Afrique du Nord. Ce sont des peuples forts et fiers. Le nom même d’Amazigh est souvent traduit par ‘homme libre ” ou “homme noble”. Certains de leurs représentants étaient présents à Jérusalem le jour de la Pentecôte. Une église s’est établie parmi les berbères dans les premiers siècles du christianisme, et certains des grands pères de l’église d’Afrique du Nord étaient d’origine berbère.
Lorsque l’Islam s’est répandu en Afrique du Nord au 7ème siècle, de nombreuses factions Amazighs ont tenté de lutter contre cette invasion. Au cours de l’histoire, ils ont résisté dix fois à la progression de l’Islam, en faisant croire qu’ils allaient devenir musulmans. Mais de retour dans leurs villages, ils refusaient de pratiquer cette religion. Intentionnellement, ils ont construit des mosquées blanches bien visibles au sommet des montagnes pour tromper les envahisseurs musulmans. Alors qu’ils passaient, les musulmans, voyant la mosquée, pensaient que le village s’était déjà converti et ils continuaient leur chemin.
Les premières générations ont conservé en secret leur héritage chrétien, en faisant semblant de respecter les lois islamiques. On peut encore retrouver le symbole de la croix dans l’architecture Amazigh, sur les dessins des tapis, et même sur les tatouages que les femmes portent sur leur visage. Toutefois, aujourd’hui, ils ne se souviennent plus de leur héritage chrétien.
Le premier président élu suite à l’indépendance avec la France, Habib Bourguiba (1957) a beaucoup œuvré pour unifier le pays. Traditionnellement, les villages amazighs étaient fortifiés et retirés dans des zones montagneuses. Bourguiba a incité les Amazighs à abandonner leur culture au profit de l’identité “tunisienne arabe”. Dans un premier temps, il a essayé de construire des villes dans les plaines, afin d’arracher les amazighs à leurs fortifications dans les montagnes et de les forcer à s’intégrer. Lorsque les Amazighs ont refusé de se soumettre, il a brûlé leurs livres, a fait cesser l’enseignement de leur langue à l’école et à tenté d’effacer en grande partie leur culture.
La révolution de 2011, qui a évincé du pouvoir le deuxième président du pays (Zine El- Abidine Ben Ali), a suscité un renouveau dans la culture et l’identité Amazighs. Cette nouvelle fierté et la liberté de pouvoir porter l’identité Amazigh a entraîné la création de nombreux clubs, de centres culturels et d’organisations voués à au maintien et au développement de la langue et de la culture amazigh.
On trouve les Amazighs de Djerba sur l’île de Djerba, dans le sud de la Tunisie. On compte 15000 Amazighs à Djerba, répartis dans 4 villes de l’île : Guallela (10000), Tlet (500), Ajim (500) et près de 4000 dans la région de Sedouikech, dont 3000 dans le village Amazigh de Oursighen.
La plupart des Amazigh de Djerba ont perdu ce qui fait leur identité Amazigh. L’intégration des arabes de Djerba a entraîné une modification de leur style vestimentaire. Maintenant, la plupart d’entre eux portent des vêtements modernes, ce qui rend difficile de les distinguer des autres groupes ethniques.
Les Amazighs de Guallela ainsi qu’une minorité des Amazighs de Sedouikech notamment au sein du village d’Oursighen sont restés attachés à leur identité Amazigh et en sont fiers. Les interactions entre les hommes et les femmes suivent plutôt la tradition bédouine, venue, avec l’Islam, des arabes de la péninsule arabique. Les hommes et les femmes ne se mélangent pas en société, et ils continuent à porter leurs vêtements traditionnels.
Il existe une relation très forte entre les Amazighs de Djerba et les Juifs de Djerba. Au cours de la période du pèlerinage juif à Djerba, les Amazighs assurent la sécurité des pèlerins. En retour, les juifs considèrent les Amazighs de Djerba comme un peuple digne de confiance, auquel ils prêtent de l’argent ou avec lequel ils font des affaires.
Les Amazighs de Guallela sont des potiers. Cette profession se transmet de génération en génération. Elle est considérée comme la profession des ancêtres et ne peut pas être abandonnée. Avec le temps, l’évolution des besoins matériels et la difficulté de la profession, les jeunes ont commencé à chercher du travail dans l’industrie ou le commerce. Les Amazighs de Sedouikech font du commerce. Ils exploitent des oliviers et produisent de l’huile d’olive. Les habitants du village de Oursighen sont considérés comme aisés. Certains sont allés vivre à l’étranger, souvent en Europe, et ils envoient de l’argent à leur famille.
Tous les groupes Amazigh de Djerba parlent le dialecte Amazigh (Chilha), mais seuls les habitants de Sedouikech savent l’écrire. La viabilité de la langue Chilha dans les villages de Tlat et de Ajim se réduit à chaque nouvelle génération. Dans ces groupes, seuls les plus vieux parlent Chilha. A cause de la difficulté de ce dialecte, ils ont arrêté de l’enseigner à leurs enfants. Ces groupes amazigh parlent aussi arabe et français. Une minorité apprend d’autres langues à l’école, notamment l’anglais. Les Amazigh de Djerba ont accès aux médias comme la radio et la télévision. Les jeunes utilisent Internet.
A Ajim, les Amazighs sont des musulmans Ibadi, qui suivent le courant islamique Ibadi. Ils se distinguent de la majorité des autres musulmans de Tunisie qui eux, suivent plutôt le courant malikite. Pour les musulmans ibadites, l’islam véritable doit se traduire en actes et pas seulement en paroles. Ils sont considérés comme un peuple paisible qui ne méprise généralement pas les autres musulmans. A l’inverse, les autres courants islamiques ont tendance à mépriser et à persécuter les ibadites. Les autres musulmans tunisiens, adeptes du courant malikite, considèrent les Amazigh ibadites comme des étrangers.
Les musulmans suivent les enseignements de Mahomet, qui a vécu en Arabie Saoudite entre le 6ème et le 7ème siècle. Ils croient en un dieu unique, qu’ils appellent Allah (ce qui signifie “Dieu” en arabe). Le jour du jugement, chaque personne sera jugée en fonction de ses actes. Si les bonnes actions sont plus nombreuses que les mauvaises, alors Allah les accueillera au paradis. Sinon, il seront punis dans l’enfer éternel. Afin d’obtenir le salut, ils doivent respecter les cinq piliers de l’Islam : prier cinq fois par jour, jeûner de l’aube au crépuscule pendant le mois du ramadan, donner aux pauvres, et, si possible, effectuer un pèlerinage à la Mecque au moins une fois dans leur vie (Hajj). Ils considèrent Jésus comme un prophète, mais dont les enseignements sont inférieurs à ceux de Mahomet.